Notre unique refuge avait été vidé, abandonné à cause des méfaits de son directeur. Nous n’avions nulle part où aller, certains élèves n’avaient même pas fini leur formation, et il était sûr que d’autres pouvoirs allaient se réveiller. Que pouvions-nous faire en cet instant ? Nous étions totalement démunis, impuissants et vulnérables. Peu à peu les nôtres se faisaient capturer, tuer parfois. Et nous restions les bras croisés, à chercher des solutions qui ne venaient pas. Quel pouvoir avions-nous ? Le gouvernement était contre nous, nous ne pouvions rien faire. C’est alors que nous avons appris l’existence d’un laboratoire secret, en sous-sol d’un prestigieux hôpital. Tant de malheurs semblaient s’abattre sur nous que la haine évinça notre tristesse, il nous fallait agir au plus vite.
L’idée nous vint presque naturellement : nous avions déjà construit une académie dans le passé, nous étions capables de recommencer. Nous avons alors donné tout ce que nous avions pour mener à bien notre projet. Le temps nous manquait, nous filait entre les doigts. L’établissement se construisait trop lentement à notre goût, mais nous ne pouvions rien y faire. Seulement attendre que l’Académie Heurtvent se dresse enfin en face de l’hôpital Louiscastel d’Aulmieux.
Nous avons construit cette image d’un Directeur mystérieux et influent. Nous savons que des scientifiques ont intégré l'établissement en tant que professeurs, sans savoir lesquels, et nous en sommes tout particulièrement bouleversés. L'Académie est désormais prête à accueillir ses étudiants. Il est risqué de mêler les nôtres à ceux qui ne veulent plus de nous, mais c’est le seul moyen de les préserver du laboratoire et de les aider à se contrôler.
La nouvelle année s’annonce problématique, mais nous ferons de notre mieux. Nous sommes des hommes également, nous nous battrons pour les nôtres.

A.B., Plaintes d’un homme appelé monstre, Chapitre « Renaissance »,
(non-édité), 2013.